ceux que vous élevez aujourd'hui, un jour, accompagneront votre vieillesse.
Pas de compassion, juste le fric que vous leur procurerez pour vous soigner ou s'occuper de vos gosses.
Fabrique de sociopathes !
Les sociopathes sont partout et leur amoralité totale se distingue toujours plus dans les situations psycho-sociales complexes comme l’amour et le travail.
Par Philippe P.
Je suis né sous le signe du capricorne, je suis né vieux alors je ne prendrai jamais un coup de vieux. Toutefois, je me rends compte des changements de ce monde. Et pour en revenir à la sociopathie que d’aucuns voudraient parer du nouveau nom de " pervers narcissique ", je rejoins mes confrères cités dans l’article du Nouvel Observateur. Moi aussi, je trouve qu’il y en a de plus en plus.
En revanche, je ne trouve pas qu’ils sévissent plus dans les histoires d’amour qu’ailleurs. Ils sont partout et effectivement leur amoralité totale se distingue toujours plus dans les situations psycho-sociales complexes comme l’amour et le travail. Ces sociopathes sont partout et ils sont surtout largement encouragés par un " système " ayant perdu absolument toutes traces des vertus d’antan que l’on enseignait.
Je suis par exemple ahuri par l’importance que l’argent a pu prendre chez mes jeunes patients. Les deux plus jeunes que je reçois, tous les deux âgés de dix-sept ans, ont tous les deux évoqués non pas une quelconque vocation, un quelconque attrait pour une profession mais uniquement l’envie de faire " un métier qui rapporte ". Aucun des deux n’est sociopathes heureusement et tous les deux sont issus de bons milieux. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne possèdent la moindre parcelle de spiritualité. Ils sont les alphas et les omégas de leur propre vie.
Du moins jusqu’à ce qu’ils me rencontrent car j’ai un certain talent pour " jouer les papas " et remettre les idées en place. C’est ainsi qu’à l’une qui est une ravissante petite blonde, j’ai recommandé, puisqu’elle adorait l’argent facile de " vendre son cul " tandis qu’au second qui est un peu dans les mêmes dispositions, j’ai recommandé compte-tenu de ses aptitudes sociales, de s’investir dans le trafic d’organe, un marché émergent qui rapporte gros.
Bien sur l’un et l’autre m’ont regardé avec des yeux ronds. Ils pensaient me balancer leurs conneries à la face sans que je ne fasse aucune remarque, muré dans ma " neutralité bienveillante ". Mais ça, c’est au cinéma ou chez mes confrères psychanalystes mais pas dans mon cabinet. Le " psy " qu’accole à nos professions, que l’on soit psychiatre ou psychologue, vient de psukhê qui signifie " âme ". Alors moi, quand l’âme est en danger, je fais mon boulot, je cavale sur mon destrier rapière en main prêt à trancher la tête du démon.
Bien entendu, je m’entends fort bien avec ces deux jeunes patients et cette mise au point a eu le mérite de les alerter sur les fondements sur lesquels ils bâtissaient leur vie. Comme dit le célèbre proverbe belge, " mieux vaut être riche, heureux, beau et en bonne santé, que pauvre, malheureux, laid et malade " : c’est juste. Mieux vaut rouler en Mercedes et vivre dans un superbe appartement qu’être un clodo anxieux pour ses fins de mois dès le cinq du mois en cours. C’est certain.
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Maintenant, le problème est le suivant : est-ce que la fin justifie les moyens ? Or c’est bien tout le problème que pose notre monde actuel. Comme l’explique l’article du Nouvel Obs’ : le mal n’est pas nouveau mais en recrudescence express, selon Dominique Barbier, criminologue et expert psychiatre avignonnais, ami de Boris Cyrulnik, qui écrit un livre (à paraître cette année chez Odile Jacob) pour expliquer en quoi notre époque est une véritable " fabrique de pervers ". Le consumérisme frénétique et l’affaiblissement de la fonction paternelle entraînent une intolérance à la frustration de plus en plus répandue. Cette immaturité serait le terreau fertile de la prédation morale et d’un rapport à l’autre de plus en plus utilitaire. " C’est le mal du siècle. Ce que j’observe est effrayant, dit le criminologue. N’importe qui peut tomber sous la coupe d’un pervers. "