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Humour - Page 78

  • Cé fransé bocou

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  • Les morts les plus idiotes de l’histoire

    Une chose parait certaine, la mort idiote remonte à une lointaine antiquité.

    Le sujet n’est pas neuf, il a été traité au XVIe siècle par l’humaniste Ravisius Textor et plus récemment dans un ouvrage intitulé La Tortue d’Eschyle [1]

    Jusqu’au XVIIIe siècle, la mort idiote était un privilège des grands de ce monde, du moins on ne recensait que les morts illustres. Depuis, avec les progrès de la démocratisation, de plus en plus de gens connaissent une " mort à la con " ou plus exactement on les porte désormais très facilement à notre connaissance, d’où ces nombreux sites qui en font des recensions plus ou moins exhaustives.

    Nous n’avons retenu volontairement que des décès antérieurs à 1900, liste aussi subjective qu’incomplète comme il se doit.

    Une chose parait certaine, la mort idiote remonte à une lointaine antiquité. Amar-Sin (2046-2038 av.J-C) roi de la IIIe dynastie d’Ur (au sud de l’Irak actuel) s’était proclamé " dieu soleil du pays " mais devait mourir d’une ampoule infectée causée par sa chaussure. Toujours en Mésopotamie, mais un peu plus tard, en 1860 avant notre ère, Erra-imitti, roi d’Isin, redoutant la colère des dieux, crut habile d’installer Enlil-bâni, le jardinier comme " substitut royal " sur son trône espérant détourner le courroux divin en faisant exécuter quelque temps plus tard le " bouc émissaire ". Mais le roi mourut " en avalant une soupe trop chaude " et le jardinier " qui occupait le trône ne le rendit pas " !

    Sans doute faut-il continuer par la mort la plus pitoyable qui soit : celle d’un grand soldat toujours prêt à exposer sa vie dans les combats. Pyrrhus se battait dans Argos et s’apprêtait à frapper un Argien qui avait tenté en vain de lui porter un coup de javeline paré par la cuirasse épaisse du roi quand la mère du soldat qui suivait le combat depuis le toit de sa maison, voyant son fils en péril, lança une tuile sur la tête du roi. C’est ainsi que périt, en 272 avant notre ère, le roi d’Epire et pourtant un des meilleurs capitaines de l’Antiquité, mais qui n’avait sans doute pas prévu cette tuile.

    Dans l’Antiquité, il est vrai, on recevait beaucoup de choses sur la tête[2] : Eschyle, le grand tragédien, mourut d’une tortue vivante reçu sur le crâne expédiée, dit-on par un gypaete barbu à la vue basse qui aurait confondu sa superbe calvitie avec une pierre. C’est vraiment nous prendre pour des buses. Claudius Drusus, fils de l’empereur Claude, lui, s’était étouffé avec une poire qu’il avait lancée en l’air pour montrer son habileté à la rattraper avec la bouche : sans doute une démonstration de la sélection naturelle chère à Darwin.

    Au Moyen-Âge, on préférait aller directement au fait. En 1498, Charles VIII trop pressé d’aller jouer au jeu de paume, heurtait avec toute la fougue du sportif le linteau d’une porte du château d’Amboise. Il en mourut, au grand étonnement des contemporains, qui ne pensaient pas qu’il avait grand-chose dans le crâne.

    Ce n’était pas le premier roi à se fendre le crâne : en 882, le jeune carolingien Louis III poursuivant à cheval une jeune fille rétive à ses charmes devait heurter violemment un linteau de porte trop bas. C’est ainsi que l’amour lui fit perdre la tête.

    Si les linteaux sont fatals aux rois français, le melon n’a jamais réussi aux Habsbourg : Frédéric III en 1493 et Maximilien 1er en 1519 succombèrent tous deux à une indigestion.

    Si le ridicule n’a jamais tué personne, le rire, lui, peut être mortel : le stoïcien Chrysippe de Soles voyant un âne manger les figues destinées aux invités à un banquet auquel il était convié, en est mort de rire. Mais on ne sait s’il est mort de ne pas être resté stoïque, d’avoir découvert l’imbécillité de son école philosophique, ou de s’être reconnu dans l’âne qui lui faisait face. Un roi birman, Nandabayin fut pris d’une crise de fou rire inextinguible et mortel en apprenant que Venise était une république et n’avait pas de roi (1599). Comme quoi, la république est toujours fatale aux rois.

    L’eau est dangereuse pour la santé : tous les buveurs vous le diront. L’histoire ne le prouve que trop abondamment.

    En 1190, l’empereur Frédéric Barberousse en route pour la Terre sainte, dans le cadre de la Troisième croisade, eut l’idée de se rafraichir dans le Saleph (actuel Göksu Nehri). L’idée en soi n’était pas mauvaise sous l’écrasante chaleur du mois d’août ; encore fallait-il éviter de le faire en armure : l’hydrocution lui fut fatale.

    Gian Luigi Fieschi, connu en France par l’ouvrage du cardinal de Retz comme le comte de Fiesque, méditait de renverser Andrea Doria, le " protecteur " de la république de Gênes, en provoquant une révolte populaire. Ce 2 janvier 1547, tout avait été prévu et tout paraissait réussir aux conjurés : Doria était en fuite, Fieschi n’avait plus qu’à monter sur une galère et le tour était joué. Mais la planche était glissante, ou savonnée, et le comte tomba à l’eau et se noya. C’est ainsi que la conjuration du comte Fieschi tourna au fiasco.

    Le verre d’eau glacée avalée après une forte transpirée est semble-t-il à éviter. Il devait emporter le brave Bertrand Du Guesclin tout comme l’insignifiant dauphin, fils aîné de François 1er.

    Après l’eau, le feu: en 1766, le roi Stanislas, monarque déchu de Pologne devenu duc de Lorraine par la grâce de son gendre Louis XV, se réchauffait devant sa cheminée quand le feu prit à sa robe de chambre. Disparaitre dans les flammes était logique pour un prince éclairé mais c’était tout de même une drôle de façon de s’éteindre.

    Parmi les morts idiotes, celle de Tycho Brahé tient une bonne place. Invité par l’empereur Rodolphe II de Habsbourg à un banquet, l’astronome danois, en exil à Prague, souffrait depuis longtemps de problème de vessie. Mais le banquet s’éternisait et le pauvre avait, depuis un bon moment, une furieuse envie de se soulager. Les Habsbourg, aussi lunatiques soient-ils, étaient des maniaques de l’étiquette et Brahé n’osait pas sortir pour assouvir son besoin si pressant. Enfin, on se leva de table. Trop tard pour Brahé qui n’arrivait plus ni à uriner ni à faire disparaître l’insupportable douleur. Il devait connaitre dix jours d’agonie, veillé par son fidèle disciple Kepler, non sans avoir choisi son épitaphe : " Il a vécu comme un sage et est mort comme un fou ". Ainsi disparaissait une étoile au firmament de l’astronomie.

    Nombre de compositeurs ont connu une fin étrange et ridicule. La plus frappante est sans doute celle de Jean-Baptiste Lully en 1687 dont la canne un peu trop fermement agitée en battant la mesure lui écrasa un orteil alors qu’il dirigeait la répétition de son Te Deum[3]. Le pied infecté, la gangrène s’en mêla même si trois mois s’écoulèrent avant la mort de l’illustre surintendant de la musique du Roi.

    Parmi les 140 hypothèses sur la mort de Mozart, on n’a guère retenu celle qui l’attribue à une mauvaise chute dans les escaliers : en effet, peut-on imaginer qu’un compositeur qui avait réussi musicalement tant de marches ait pu en rater une à ce point ?

    Mieux documentées sont les morts de deux musiciens français de moindre envergure, Alkan et Chausson. Charles Valentin Alkan (1813-1888), surnommé le " Berlioz du piano ", fin lettré et subtil talmudiste, avait la passion des livres. C’est en essayant d’attraper l’un d’eux qu’il provoqua la chute de sa bibliothèque. Il est rare d’être à ce point écrasé par la somme de ses connaissances. Ernest Chausson, qui composait peu mais bien, est mort à 44 ans d’un accident particulièrement stupide en faisant du vélo dans la propriété d’un ami, ratant le virage mais pas le mur d’enceinte !

    De tout temps, le sexe a été source de périls. La mort célébrissime de Félix Faure, surnommé " le président Soleil ", en témoigne assez. Le Président de la République recevait régulièrement les visites de Marguerite Steinhell, qui lui prodiguait les gâteries dont raffolait le galant séducteur grisonnant. Mais ce 16 février 1899, la jeune femme mit trop de cœur à l’ouvrage au point de faire lâcher celui de son présidentiel amant. Les mains présidentielles s’étant crispées sur la chevelure de la belle, il fallut recourir aux ciseaux pour la libérer : dans la précipitation, elle filait par une porte dérobée en oubliant son corset. Elle devait y gagner le surnom de " Pompe funèbre " tandis que Clémenceau lâchait le mot fameux: " Il a voulu vivre César, il est mort Pompée ".

    Ainsi vous voilà prévenu, évitez de lire des livres, d’être trop poli, de prendre la porte, de boire de l’eau, de faire du vélo, de vous réchauffer comme de vous rafraichir, de faire l’amour, d’aller au bord de la mer et surtout, évitez les tuiles en tous genres, si vous voulez vivre vieux.

    contrepoint.org

     

  • Qu'est-ce qu'on attends pour être heureux?

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  • La haut sur la montagne.....

    Anecdotes véridiques contées par le commandant en second du Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne de Chamonix.

    C’était déjà l’époque où, grâce au redressement productif (non folklorique, celui-là) opéré sous le premier mandat Poutine, les Russes fleurissaient à Chamonix comme colchiques à la fin de l’été. Au point de faire parfois oublier les bandes de rosbifs avinés qui, dans ce cul de vallée, pourrissent nos anciens bistrots reconvertis, survie oblige, en faux pubs, vraies variantes tropéziennes du kitch  tyrolien.

    Or donc, les premiers Ivan et Léonid dont je veux vous parler (je n’ose plus les appeler Vladimir et je m’en excuse) avaient entrepris une ascension quelconque sans accompagnateurs autochtones. Ayant accumulé les retards et les contrariétés tout au long de la course, nos deux guignols rencontrèrent le brouillard sur le retour et se mirent à tourner en rond entre deux crevasses dans un fouillis glaciaire. Sentant la nuit prochaine, ils finirent par se préoccuper d’appeler les secours… Ouais, et comment fait-on au juste ? Ils n’en avaient pas la moindre idée… Et les heures passaient…

    Ils avaient bien un téléphone portable à la batterie un peu faiblarde, mais quel numéro composer? Faute de mieux, ils appelèrent un premier numéro dont je reparlerai… Puis, en fouillant dans sa poche, l’un d’eux en retira par hasard un petit bout de papier froissé en boule: la facturette de l’épicerie où ils avaient acheté la veille quelques provisions de bouche; papier où était imprimé… le numéro de la boutique!

    Le téléphone sonna enfin au PGHM. Au bout du fil, c’était… la gérante d’une supérette du fond de la vallée qui s’apprêtait à fermer:

    "- Il y a des Russes ou quelque chose de ce genre en difficulté là-haut!";

    "- Où ça?";

    "- Ils ne savent pas le dire“.

    "- Vous avez leur numéro?";

    "- Non, ils ont raccroché et ça ne s’affiche pas sur le téléphone de la boutique…";

    "- Il y a des blessés?";

    "- J’ai rien compris"…

    Bref, autant chercher une aiguille dans une botte de foin sur 200 km ² de crêtes et de ravins…

    Il faut dire qu’ignorant tout de la langue de Victor-Hugo et dotés d’un effroyable accent moujik, nos deux Russkofs ne maîtrisaient guère qu’une trentaine de mots en anglais, abstraction faite du vocabulaire international approprié pour la beuverie et le péché de la chair…La pauvre épicière fut fermement invitée par les gendarmes à faire des heures sup’ plantée devant son téléphone pendant que le standard des pandores faisait le tour des hôtels fréquentés par les slaves pour s’enquérir des clients non rentrés de courses, de leur téléphones, des soupçons de fausse alerte… Et les heures passaient…

    Le téléphone sonna de nouveau au PGHM. Au bout du fil, c’était… le quai d’Orsay !

    Les deux gonzes avaient appelé… chez eux… quelque part entre Odessa et Vladivostok. Et de fil en bureau d’apparatchik, via leur ambassade à Paris et un gazier de permanence au ministère des affaires étrangères, l’appel au secours arriva enfin au PGHM avec des informations exploitables et, notamment, le n° de portable des deux paumés…

    Avec un interprète promptement réquisitionné, on appela. Las ! Si les deux zigotos purent dire enfin d’où ils revenaient, ils étaient incapables de préciser ne serait-ce qu’approximativement, à quelle hauteur et plutôt de quel côté du glacier ils se trouvaient… Si ! Ils avaient remarqué un triangle de peinture verte sur un gros rocher. Ouais… Le genre de repères placés par des glaciologues sur le glacier pour calculer sa vitesse, donc repère qui se déplace… Allez donc trouver au laboratoire de glaciologie quelqu’un pouvant vous renseigner le soir à 23h… Je passe d’autres détails…

    Bref, pour résumer, le secteur de recherche étant quand même suffisamment délimité, l’hélico est parti survoler la zone à balayer au projecteur. Pendant ce temps-là, voyant la batterie du téléphone se vider inexorablement, les deux paumés voulaient couper pour garder de quoi pouvoir, le cas échéant, dicter leurs dernières volontés.

    Au centre opérationnel, l’interprète avait un mal fou à les retenir en ligne: Il fallait que dans cette nuit sans lune, ils puissent dire en temps réel quand ils entendraient l’hélicoptère s’approcher d’eux, ou s’éloigner...

    Les deux guignols sont rentrés tout penauds mais bien vivants. On ne les y reprendra plus, sans guide et, surtout, sans numéros adéquats en mémoire. Notez qu’on n’exploite jamais assez le potentiel que représente une facturette de supérette…

    __

    Les Ivan et Léonid suivants étaient d’une autre espèce. Nous les appellerons Youri et Dimitri pour ne pas insulter les premiers. Youri et Dimitri étaient donc partis faire le Mont Blanc en personne (et sans personne).

    L’exercice s’étant révélé pour eux plus essoufflant que prévu, nos deux hommes n’arrivèrent que fort tardivement au sommet. Ils appelèrent alors l’office du tourisme:

    "-Nous sommes au sommet du Mt Blanc et très en retard. Veuillez nous envoyer un hélicoptère."

    "- Vous êtes en difficulté?"

    "- Oui. Nous avons un avion à prendre ce soir à Genève et nous allons le rater."

    "- Sorry, Mr. Les vols taxis sont interdits sur le massif. Nous ne sommes pas en Italie, ici. Seul le secours en montagne peut survoler sans autorisation."

    Il insiste grave [je résume un max]

    En désespoir de cause, la fille passe l’appel à la gendarmerie en lui expliquant le truc. Le PGHM:

    "- Non, Monsieur, nous ne faisons pas le taxi. Nous n’intervenons que s’il y a des blessés."

    "- Et si je vous dis qu’il y a un blessé ?"

    "- Alors nous sommes tenus de venir…"

    "- Et bien nous avons un blessé."

    "- Quel est la nature de la blessure?"

    "- Fracture. La jambe, j’sais pas moi, le fémur, le tibia…"

    "- Nous décollons tout de suite. "

    Un des deux mecs –en meilleure santé que vous et moi – joue la douleur et se fait hélitreuiller. Ils sont dans les temps pour l’avion de Genève…

    On a beau être oligarque en son pays, on ne peut pas tout prévoir: A peine atterri, attelé et ficelé sur la civière, le gus est embarqué manu militari dans l’ambulance, direction l’hosto toutes sirènes hurlantes. Là, plâtré du bassin aux orteils, il est mis "en observation"… Principe de précaution qu’on dit maintenant…

    L’avion avait décollé de Genève-Cointrin depuis belle lurette quand les médecins ont signé son bon de sortie après application des prescriptions de l’ordonnance: quittance donnée du paiement cash des coûts d’interventions, heure de vol, frais d’hospitalisation et des amendes pour outrage à agents, fausse déclaration, abus de confiance, etc. (le procureur mis dans le coup avait eu le temps de soigner sa propre ordonnance pendant qu’on calmait le type plâtré jusqu’au moteur dans son lit médicalisé…

  • Mais!!!! tatoutoibien: qui est le plus bête, le tatoueur ou le tatoué?

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    Le trop et le peu, gâtent le jeu!!!!

     

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    Phrase entraînement dactylo: mon thé t'a-t-il tué ta toux?

     

    (vieux souvenir.......)

     

     

     

  • Tatoutoibien

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    Mais, SVP, pas de fooooooooooooote!!!!!!!

  • Parait que ces mecs sont à la mode!

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  • Ce qui confirme la note précédente?

    Niveau du français au bac : les illusions perdues

    Par Gauvin Buriss
    Un article de Liberté scolaire

    Beaucoup se sont émus de la réforme du collège. On en aurait presque oublié que cette réforme était accompagnée d’une réforme tout aussi importante du primaire, et qu’elle ne faisait que s’inscrire dans une longue suite, presque une tradition, de réformes qui ont déjà modifié en profondeur la jeune génération, de 3 à 40 ans, génération dont font partie tant les parents des élèves majoritairement concernés par les réformes, qu’une partie de leurs professeurs.

    Les parents que l’avenir semble inquiéter devraient en réalité lire de temps en temps les copies de leurs enfants. Car quoi qu’on en dise, la plupart des gens accordent une sorte de reliquat de confiance à l’institution et se fient aux notes. On a beau claironner que " le niveau baisse ", tant que Loulou et Lola ont de bonnes notes, leur niveau, à eux, se maintient certainement.

    Le problème de l’école n’est pas pour demain ; il est vieux de plus de 40 ans, et toute une génération de semi-illettrés arrive depuis quelques années déjà sur le marché du travail, ce qui entraîne des problèmes manifestes.

    Le terme semi-illettrés semblera un peu fort à d’aucuns qui diront que j’exagère, en parlant ainsi d’élèves qui ont obtenu leur baccalauréat brillamment, souvent avec mention.

    J’ouvre une parenthèse. Une question posée au Sénat en 2007 soulevait déjà ce problème des mentions, dont la progression exponentielle aurait pu laisser craindre une "dévalorisation du diplôme". Les chiffres sont les suivants, en % :

    1967 mention TB 0,3% mention B 4,4%
    1974 mention TB 0,6% mention B 4,6%
    1989 mention TB 0,8% mention B 5,1%
    1990 mention TB 0,8% mention B 5%
    1997 mention TB 1,4% mention B 7,2%
    2004 mention TB 3,3% mention B 10,8%
    2006 mention TB 4,9% mention B 13,6%

    Au sénateur inquiet qui avait posé la question, le Ministère avait répondu que cette "spectaculaire progression traduit une élévation du niveau de formation dans un contexte où le baccalauréat n’est plus conçu comme un diplôme réservé à une élite scolaire mais favorisant l’acquisition par une majorité d’élèves scolarisés d’une culture indispensable à la compréhension du monde moderne et de ses enjeux". Outre que la syntaxe de la réponse peut laisser perplexe, on ne peut que rester dubitatif devant cette réponse. Si le niveau de formation des jeunes avait déjà tant augmenté en 2006, que dire aujourd’hui où près de 15% des bacheliers de S décrochent une mention Très Bien (promotion 2014) ? Pourra-t-on encore communiquer avec des jeunes qui sont si supérieurs intellectuellement à leurs aînés et qui jouissent de telles capacités de " compréhension du monde et de ses enjeux"?

    Fermons la parenthèse et jugeons sur pièces.

    J’enseigne le français en première S. J’ai donc l’immense privilège de lire chaque année des centaines de pages écrites par ces jeunes qui sont l’avenir radieux et enthousiasmant de notre patrie moribonde. Deux classes de 1èreS, à 38 élèves par classe. 10 notes au trimestre pour chaque classe, soit plus de 1000 copies corrigées par an. Et 66 copies de baccalauréat à corriger cette semaine, toutes de la série S, l’élite de notre pays.

    Voici quelques extraits représentatifs, certifiés conformes :

    Copie 1: "Le corpus étudier regroupe trois textes, décrivant une scène de mort. Celle d’Hippolyte içut de la pièce Phèdre de Eugène Ionesco et Racine, celle du roi du Roi se meurt d’Eugène Ionesco et celle d’Alexandre le Grand dans le Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé."

    Copie 2: " Dans l’extrait qui est celui de Racine, dattant du XVIIème siècle, l’âge d’or du théâtre, celui ou le théâtre doit obéir à des règles, comme celle de bienséance.
    (…) Comparé aux autres oeuvres, Phèdre, la mort n’a pas lieu sur scène. Elle est racconté par Théramène. Racine à choisit d’évoqué cette mort par le récit pour pouvoir rester dans les règles du théâtre aux XVII ème siècle, la mort d’Hippolyte n’en reste pas moins sanglante et héroïque. Puis vient après quelque siècle de nouveau genre théâtraux avec des representations de la mort sur scène différentes.
    (…) Mais il abandonne sa quête pour que ses soldats cèssent de se battrent. Ce dénoument se compose tout d’abord d’une prise de pitier ".

    Copie 3 : " Depuis le XVIIème s le theatre donne une scene de mort glorieuse comme Racine avec Phèdre jouée en 1677 racontent la mort héroisme de Hippolyte mais petit à petit ils vont se lasser de toujours faire des scène de mort glorieuses comme Eugène Ionesco avec le Roi se Meurt en 1962 et Laurent Gaudé Le Tigre bleu de l’Euphrate en 2002 tout deux vont donner une mort tragique aux personnages principaux. "

    Copie 4: "Ici il le dit lui même que c’est un lâche (L.11) qui a echoué dans ça quête (L.12) ici c’est une degradation descendante il va se culpabiliser pour se donner raison de mourir. On aurait dit un enfant comme il le montre L.21 il se represente comme un bébé ici il y a une signification de pureté. l’auteur veux faire passer Alexandre le grand comme un martire qui souffre beaucoup qui ne pense que à mourir mais au fond de lui c’est un monstre qui ne rever de gloire et de ne pas mourir mais que la mort gueter. "

    Copie 5 : " Dans le théatre, la mise en scène joue un rôle médians dans la pièce, car le spectateur va chercher à ressentir des émotions et pourquoi se mettre dans la peau du personnage et à le faire frissoner. C’est pourquoi on va se demander pourquoi une pièce doit-elle être bien jouée pour faire ressortir l’émotion qui se trouve dans le texte théâtral ? "

    Cet élève courageux a donc choisi le sujet de dissertation. Il poursuit ainsi :

    N’oublions pas la musique et les bruits sonores de fond, c’est pour mon avis sans doute le rôle le plus important pour ressentir de fortes émotions dans une scène. Une musique sur le ton mineur suivit de violon ammène un ton très grave à la scène voire émouvoir de la tristesse ou encore de la pitié. Si l’on entend des tambours, cela peut révéler une révélation ".

    J’aime bien ce passage ; je le trouve presque poétique.

    Après cette envolée musicale et un peu décalée, il retombe, malheureusement :

    " Les costumes sont peut-être moins importants mais tout de même il ne faut pas les négliger, cela dépandra de sa qualité, si c’est un costume acheté en grande surface, les finitions seront négligées et ne va donc pas nous plonger complètement dans le dénouement car les costumes vont gêner. "

    Le corrigé national nous invite à relever dans le texte " le topos de la belle mort, digne des illustres stoïciens de l’Antiquité ", les " anaphores nombreuses " et la " musicalité et la poéticité du monologue ", et on nous proposait pour la dissertation (portant sur l’émotion créée ou renforcée par la représentation théâtrale) de penser à Renée dans La curée de Zola qui est troublée par le spectacle de Phèdre et aux émotions du jeune héros de Proust lorsqu’il entend la Berma… Donc il aurait fallu que les élèves pensent non seulement à des mises en scène de théâtre mais encore à des romans évoquant une expérience théâtrale vécue par l’un de ses personnages…

    Dans le corrigé, on cite Anne Ubersfeld, Maurice Blanchot, Bertold Brecht, Olivier Py et Patrick Chéreau, mais le célèbre vers de Racine y devient " c’est Vénus toute entière à sa proie attachée "…

    Ionesco comme vous ne l’avez jamais imaginé !

    En écriture d’invention, on demande aux élèves de se glisser dans la peau d’Eugène Ionesco, excusez du peu, et d’écrire à un metteur en scène pour le conseiller et réfléchir avec lui aux enjeux de la représentation théâtrale. Nous devons évaluer la capacité d’analyse de ces jeunes futurs citoyens, leur capacité à construire une pensée et à argumenter, ainsi que leur culture. Nous évaluons encore l’élégance de leur expression, leur faculté à se couler dans la peau d’un grand auteur pour redonner vie à sa pensée, et la pertinence de leurs choix. Cela donne ça :

    " Mon très cher ami et metteur en scène Laurent,
    je ne te demanderais pas comment tu vas car je connais déjà ta réponse. Je t’écris car, dans ma dernière lettre, j’ai oublié de te donner mes instructions sur les éléments de mise en scène qui accompagnent la mort du roi, et aussi de t’expliquer comment ton actrice doit jouer le rôle de Marguerite. Mais je vais immédiatement corriger cette erreur.
    (…)
    Désormais tu sais ce qu’il te reste à faire mais méfie-toi, il ne faut pas en faire trop, c’est comme avec l’alcool : avec modération !
    Cordialement, Eugène Ionesco.

    PS : le roi doit avoir une démarche mécanique et désarticulée et la reine devrait avoir un éventail ça n’a aucun rapport mais je trouve ça assez élégant. "

    Mais on a aussi ça :

    " Monsieur, je vous écris cette lettre, d’une pour vous remercier de m’avoir convié au répétitions de ma pièces et également pour y ajouter mon grain de sel. J’ai été agréablement surpris de voir que votre vision de la mise en scène soit autant proche de l’idée que je m’en faisait. "

    Ou ça :

    " Marguerite doit lui dire ce qu’il doit faire. Le roi ne dira pas un mot et écouter Marguerite c’est pour cela qu’elle doit impérativement être persuasive pour pas que le spectateur s’ennui, il faut qu’ils y croient, il ne faut pas qu’elle soit timide et qu’elle est peur de parler fort voire de crier. Cette femme doit avoir de la poigne et se faire respecter. Elle doit apparaître comme une personne manipulatrice. Elle doit accompagner le roi jusqu’au trône pour qu’il meur dignement comme un Roi, il devra avancer doucement sur le tapis rouge pour aller s’assoir sur son trône et s’endormir pour toujours. Le roi n’adressera pas un mort a Marguerite mais doit avoir des expression sur son visage comme verser une larme juste avant de mourir. Je pense que cette mise en scène est très bien pour votre pièce à vous de la mettre en oeuvre je crois en vous. Veuillez agréer à cette lettre et me communiquez vos eventuelles critiques pour que je puisse me corriger et être meilleur; merci de votre compréhension, et je suis en attente de voir votre travail, merci.
    Ionesco. "

    Alors que l’un des candidats, ému, déplorait qu’Alexandre le Grand, dans le texte de Laurent Gaudé donné à commenter, soit " mort de faim et de soif " sans que personne ne pense à le secourir et qu’aucun médecin n’aide Bérenger Ier quand celui-ci " meurt d’un arrêt cardiaque " dans la pièce de Ionesco, on se demande pourquoi il n’y a plus de vocation enseignante parmi les jeunes générations, et pourquoi 30% des postes offerts au CAPES, en ces temps de chômage et de crise, restent non pourvus. Mais c’est certainement parce que les jeunes manquent d’humour ! Car il n’y a guère de métier plus divertissant… pour peu que l’on aime l’humour noir.

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