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  • Aya, aïe, aïe!

    image crée avec I.A. par moi

    Comme dirait Fabrice Luchini: "C’est ENOOOORME".

    En conviant, mardi 25 novembre, la chanteuse Aya Nakamura dans la matinale de France Inter, le service public n’a pas seulement frappé un grand coup. Il a envoyé un coup de canon culturel en plein dans le mille.

    Et tant pis pour ceux qui prétendent que l'audiovisuel coûte trop cher. Mais qu’elles se taisent, ces âmes chagrines! Qu’elles ravalent leurs réticences, leurs indignations mesquines, leurs petites additions de boutiquiers!

    Car, ce matin-là, France Inter ne proposait ni une émission, ni une interview, mais un "moment de grâce", comme dirait l’autre.

    On toucha du doigt le génial, l’éthéré, l’éveil des consciences. Une proposition éditoriale si "différenciante" et "mieux-disante" qu’on se demande comment le secteur privé, habité comme chacun sait d’ignares braillant à l'adresse de cerveaux en bouillie, pourrait ne serait-ce qu’espérer rivaliser.

    Voyez Benjamin Duhamel: transi, presque extatique. À peine le micro ouvert, il tient à dire "qu’il n’a" jamais vu autant de monde dans le studio" et qu’il a "l’impression de recevoir le président de la République".

    Eh oui, il y a des moments où on se sent vivre!

    Mais ce n’est, précise-t-il avec déférence, que "Queen Aya", comme il l'appelle étrangement. L’intéressée glousse: "Hin, hin, hin… Je suis peut-être le président?".

    Le journaliste, foudroyé par tant d'humour, capitule: "Eh bah voilà".

    Jacques Chancel doit battre la mesure dans sa tombe; la radio n’avait pas connu tel niveau d'altitude depuis les nuits de Macha Béranger.

    Emporté par la force du moment, Duhamel se fait hagiographe. Il récite les chiffres d'un succès: trois Stade de France, un milliard de vues pour "Djadja".

    Puis, grisé par sa propre ferveur, il ose une question métaphysique: "Est-ce que ça ne vous donne pas un peu le vertige, tout ça?".

    Aya Nakamura philosophe: "Un peu… Ça déboussole… C’est vrai que l’information rentre pas tout de suite, monte pas tout de suite […] J’pense que les gens ont compris un peu, à travers mes musiques, ma manière de penser, bah j’ai donné mes ondes quoi! Y’en a pour tout le monde. En tant qu’artistes, on est très hypersensibles, donc à travers nos sons on arrive à donner des émotions, et c’est tout un art".

    On croirait entendre Salvador Dalí exposer devant Denise Glaser les sinuosités de sa "méthode paranoïaque-critique".

    Mais Duhamel n’a pas fini de communier. Il attaque l’ultime sommet, celui du sens de l’existence: "Votre nouvel album, c’est celui d’une femme puissante, une "femme alpha"... C’est quoi une femme alpha"?

    Aya Nakamura révèle alors la clef de ce concept né de son imagination: "Euh… J’pense qu’une femme alpha c’est une femme qui sait prendre sur soi, qui sait maîtriser ses émotions peu importe la douleur et les émotions. C’est quand on devient une espèce de Lucie, un espèce d’ordinateur vivant".

    Fable transhumaniste?

    La petite chérie du système nous rassure: "J’suis quand même humaine. Y’a des moments où j’ai des moments de faiblesse, où je me retrouve, où j’ai besoin de me ressourcer". 

    Nous aussi, chère Aya... 

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