Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Adieu ma cabine!

Le 31 décembre, Orange aura démonté les derniers Publiphones où se pressaient les Français il y a vingt ans, avant l'ère du mobile.

Le cadran a tourné. Le 31 décembre, après un siècle de bons et loyaux services, les dernières cabines téléphoniques publiques vont disparaître, balayées par le succès du mobile. Si la France en a compté jusqu'à 300 000 dans les années 1990, en cette rentrée 2017 elles ne sont plus que 5 450, selon Orange, qui a donc programmé leur disparition pour la fin de l'année.

A Paris, où le premier téléphone public est apparu en 1884, on ne voit déjà plus une seule cabine. La dernière, située rue Ordener (XVIIIe arrondissement), a été démontée en juin dans l'indifférence générale. Mais dans certaines communes rurales, la tonalité est tout autre (lire ci-dessous). " Le trafic des cabines n'est plus aujourd'hui que de 0,6 % de ce qu'il était en 2000 ", explique Laurentino Lavezzi, directeur des affaires publiques d'Orange. De 516 M€ de chiffre d'affaires en 2000, ce service génère dorénavant des pertes supérieures à 10 M€ par an.

Un service cher et boudé par le public

“La durée moyenne d'appel par cabine est tombée à 10 secondes par jour. Sur les 10 000 cabines encore en service au premier trimestre 2017, la moitié n'ont pas décroché une seule fois", insiste Laurentino Lavezzi. Le mouvement de désinstallation a commencé en douceur à la fin des années 1990, en même temps que le mobile creusait son sillon. Le coup de grâce est venu en 2015, lorsque le Parlement a voté la loi Macron. L'une des mesures concernait la suppression du service universel d'Orange, à savoir l'obligation pour l'opérateur de maintenir les 46 000 cabines devant garantir sur tout le territoire le maintien d'un accès au téléphone. Les parlementaires ont admis qu'il était devenu aberrant de dépenser chaque année plus de 14 millions d'euros pour maintenir en état des Publiphones boudés par un public équipé massivement de mobiles.

"Nous comprenons certaines réactions, qui posent plus largement la question de l'aménagement du territoire et de la disparition progressive des services publics, mais nous préférons investir dans le développement des réseaux mobiles que dans l'entretien de cabines inutilisées", se défend le directeur des affaires publiques d'Orange.

Les nostalgiques se consoleront en apercevant de-ci, de-là, des cabines recyclées en bibliothèques par des mairies pragmatiques. Ils pourront aussi se raccrocher aux musées des Télécoms pour en voir. C'est là qu'est désormais leur place. Comme à Soisy-sous-Montmorency (Val-d'Oise) qui abrite la collection historique d'Orange, ou à la Cité des télécoms de Pleumeur-Bodou (Côtes-d'Armor).

Mais que deviennent-elles?

- A Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), les huit cabines téléphoniques ont été transformées en bibliothèques de rue. LP/Adeline Daboval

Où vont les milliers de cabines téléphoniques démontées par France-Télécom, devenu Orange? Une petite partie connaît une seconde vie, parfois inattendue. Les plus grands sauveurs de cabines sont les mairies. De plus en plus, elles demandent à Orange de leur céder gracieusement une de ces reliques du siècle passé pour en faire des "boîtes à livres", une mini-bibliothèque installée sur la voie publique, toujours ouverte, où l'on peut en général enlever mais aussi déposer à volonté toutes sortes de livres dans un but de partage. Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, a ainsi installé le plus grand nombre de cabines: 8. En Ile-de-France, on en trouve aujourd'hui 40, tandis que l'ensemble du territoire en compte pas moins de 1 257 !

Cette disparition annoncée des Publiphones a aussi eu pour effet de leur redonner de la valeur sur un marché parallèle, celui des collectionneurs. Sur eBay, on peut trouver aux enchères une cabine récente en aluminium mise à prix à 299 euros !

Une touche artistique

 

 

 

Seconde vie plus originale encore: le détournement artistique. Les plus célèbres sont ceux du plasticien lyonnais Benedetto Bufalino, qui a présenté en juillet une cabine France Télécom à roulettes, circulant sur la voie publique, et dans laquelle on voit l'artiste téléphoner. Son nom? "Le Téléphone mobile"... Sa vidéo a été vue 1,5 million de fois déjà sur sa page Facebook. Benedetto avait déjà créé un aquarium à poissons à partir d'une cabine.

Et les autres Publiphones? Un accord national a été passé avec Veolia. Le groupe expert en valorisation des déchets est chargé d'enlever les cabines déconnectées et de récupérer le verre et l'aluminium pour les recycler.

Les commentaires sont fermés.