Sentinelles de la liberté
Les Veilleurs sont toujours là, debout, silencieux, immobiles. Comme les statues des rois sur la façade de Notre-Dame. C’est le silence absolu. De temps à autre, ils chantent. Ils lisent, prient, étudient, de jour comme de nuit, se relayant à tour de rôle, et un ami ou quelque enfant leur apporte quelque chose à manger.
Ce sont pour la plupart de jeunes étudiants, mais aussi des mères de famille, des hommes d’affaires. Ils sont les sentinelles de la liberté de la France. C’est pour cela qu’ils veulent rester “debout” : a-t-on jamais vu une sentinelle assise ? Pour cela qu’ils veulent veiller : a-t-on jamais vu une sentinelle endormie ?
Leur devise est la phrase de Camus: « Plutôt mourir debout que de vivre à genoux ».
Apparemment, une modalité de protestation inutile, sans pancartes, sans slogan, sans hurlements ni violences. Mais tous les passants se sentent interpellés : tous se demandent ce qui se passe, certains les insultent, d’autres les encouragent à poursuivre, mais aucun ne reste indifférent. C’est la puissance de la présence.
Et les voici maintenant qui citent également Mark Twain: « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».
La Strasbourgeoise fait fureur sur le réseau
Par exemple, un jeune a veillé place Vendôme durant plus de 11 heures d’affilée, seul, devant le ministère, encerclé par les barrières de la police: s’il s’était éloigné, il n’aurait pas pu revenir à sa place. Ces jeunes, sans défense, sont toujours entourés par des gendarmes sur le pied de guerre, parce que ceux-ci veulent les contraindre à se retirer par peur d’être roués de coups ou emprisonnés.
Sur le réseau fait fureur la vidéo de quelques veilleurs qui, à 5h du matin, défaits après une nuit debout, entonnent à plusieurs voix « la Strasbourgeoise”, un chant militaire qui exalte le patriotisme français. Ce chant parle de la guerre franco-prussienne de 1870: une fillette est seule dans le froid et la bise. Elle vient de perdre son père, mort sur les champs de bataille, puis sa mère...Elle refuse l’aumône d’un soldat ennemi ; elle lui dit que son cœur restera pour toujours français: « Vous avez eu l’Alsace et la Lorraine / Mais mon p´tit cœur, vous ne l´aurez jamais/ Mais mon p´tit cœur, lui restera français».
Jean, jeune dentiste, nous explique: « Il y a (dans ce chant) un parallèle émotionnel avec ce que nous vivons: nous sommes en guerre, mais nous menons un beau et bon combat (idéologique, long et difficile). Nous nous sentons si petits face à l’énorme machine gouvernementale et médiatique qui nous méprise, nous ignore, désinforme la France. Nous nous sentons fragiles comme cette fillette. Mais également puissants, comme elle par sa résistance totale.
(Traduit par nos soins. Article original à retrouver en suivant ce lien : http://www.tempi.it/veilleurs-debut-le-giovani-statue-che-protestano-contro-le-nozze-gay-piuttosto-morire-in-piedi-che-vivere-in-ginocchio