Ne cherchez pas, c'est celui où je vais manger. La Régalade, 16 rue Gambetta, proche de la place du Capitole (c'est la place centrale de la Ville Rose).
Le patron, c'est Norbert. La cinquantaine très dynamique, pas très grand, une chevelure argentée, souriant de tous ses yeux: c'est à cela que l'on reconnait un vrai humain. La plupart des gens plaquent un sourire de convenance sur leurs lèvres serrées; ils sont bidons. Mais, quelqu'un qui sourit avec ses yeux, croyez-moi, vous pouvez avoir confiance. Je sais cela parce qu'une dame m'a expliquée ce que je vous avance, en me voyant sur Télé-Toulouse. "Vous avez les yeux qui rient, et moi je n'ai confiance qu'aux gens comme vous qui souriez de tous vos yeux!" J'étais étonnée en écoutant cela, mais elle avait raison, je fais appel à ce principe en regardant les gens depuis ce temps-là.
Il y a peu de gens en qui on peut faire confiance, mais regardez leurs yeux, il y a un regard spécial que vous finirez par reconnaître vite: c'est le regard expressif, franc, direct des gens en qui vous pourrez avoir confiance; le regard ne trompe jamais. Norbert, le patron a ce regard.
Son épouse, Martine fait le service: sous ses airs nonchalants, elle ne perd pas de temps, elle sert seule. Le restaurant n'est pas grand, il peut contenir moins d'une 50aine de convives. Ce sont des privilégiés. Ceux qui, venus par hasard, ont compris qu'ils avaient trouvé l'endroit idéal pour goûter à notre gastronomie toulousaine.
Dès votre arrivée, le patron, qui est le chef cuisinier bien sûr, vient vous serrer la main. Et jamais plus il vous oubliera.
A la Régalade, vous venez une fois, puis la seconde fois, vous ne pouvez pas commander ce que vous voulez. Impossible. Le chef sait ce qui vous convient. C'est étrange, mais il sait ce que vous aimez le plus. Et il vous le prépare. Comme vous voulez, plus de ceci? Moins de cela? Mais bien sûr, aucun problème. Si vous demandez une entrecôte, vous aurez la surprise de voir Norbert venir à votre table vous présenter l'entrecôte qu'il a choisie pour vous: elle est crue, il vous explique d'où elle vient et comment il va vous la cuire: saignante, à point? Comme vous voulez. Puis, la fois suivante, il se souvient ce que vous lui avez demandé la première fois.
Nous y étions, hier soir, ma fille et moi. Norbert est venu bavarder deux minutes. Il nous offre l'apéritif et puis il dit à ma fille ce qu'elle va prendre avant qu'elle n'ouvre la bouche. Elle me regarde et me dit: c'est incroyable, il m'oblige à manger ce que je veux! et avant que je puisse ajoute quoi que ce soit: pour vous, bien sûr, un petit cassoulet!
Ben oui quoi, moi je cassoulet sans problèmes à La Régalade. Sans aucun problème: en fait, il est à 95% le même cassoulet que je réalise moi-même. Juste une ou deux petites différences mais je ne vais pas ergoter, c'est le meilleur cassoulet de Toulouse parce que celui-là au moins, il est fait maison. C'est Norbert qui est aux fourneaux. Il réalise lui-même l'admirable plat, le délectable mets de Toulouse. Pour faire un cassoulet, il faut du temps. Savez-vous comment, dès le premier coup d'œil on reconnait le vrai de vrai de cassoulet qu'il soit Toulousain (ma ville de naissance) qu'il soit de Castelnaudary (la ville de naissance de ma mère, enfin elle est née à 3 plumes de canard de Castel) ou qu'il soit le cassoulet de Carcassonne (ville de naissance de la mère à ma mère, ma grand-mère quoi! et ville où est né le cassoulet) – histoire que je raconterais un autre jour.
Savez-vous comment on reconnait du premier coup d'œil un vrai cassoulet?
Tout simplement parce que le vrai cassoulet n'a jamais, jamais, jamais été recouvert de chapelure puis gratiné. Les fameuses 7 croûtes du cassoulet n'ont rien à voir avec de la chapelure. Une autre fois, je vous raconterai la vraie histoire de la chapelure sur le cassoulet.
Mais, hier au soir: grande surprise. Nous avons mangé en compagnie d'un très grand acteur de cinéma qui, excusez du peu, a reçu le césar du meilleur espoir masculin puis, il y a peu, le césar du meilleur acteur. Il est venu avec toute sa troupe de jeunes techniciens, car en plus, figurez-vous qu'il est aussi professeur de réalisation cinématographique, une bonne vingtaine de personnes. Bon, le beau gosse, je l'ai pas reconnu, il avait une barbe de trois mois minimum. Il m'a fallu regarder sur le net pour me dire que je n'avais pas rêvé. Mathieu Amalric.
Ben, moi qui racontait à Norbert que ce soir, il avait l'honneur de recevoir une star de la télé, moi-même, ma petite gloire a disparu, dix minutes plus tard avec l'arrivée de l'acteur-réalisateur et de sa petite troupe!
J'en riais avec ma fille et la dame assise à côté de notre table riait un peu elle-aussi. Je lui dis qui j'étais mais bon, je n'ai pas rajouté dans ma gloriole. Elle avait entendu. Puis, au bout d'un instant, un monsieur est entré dans le restaurant, rejoindre un ami. Il a aperçu la dame et est venu lui serrer la main et voyant toute la troupe assemblée: ho, ce monde! et la dame lui explique: c'est Mathieu...
Il dit alors: ha, ce soir, il n'y a que des stars! Et s'en va rejoindre l'autre convive qui l'attendait. Je me tourne en souriant vers la dame, "comment, je ne connais pas ce monsieur et lui ne me connait pas et donc, vous êtes une star. Allez, vous savez qui je suis parce que je n'ai pas honte de ma profession, mais vous, qui êtes-vous pour être une star, je ne vous connais pas, veuillez m'excuser, je sors peu!
La dame m'explique qu'elle est danseuse..... mais, ô rengorgez-vous chère Mademoiselle! elle me dit encore: je n'ai jamais été consulter une voyante mais, je connais votre nom, je ne sais d'où mais je l'ai entendu quelque part.... elle avait l'air de chercher...
Allez-donc, à La Régalade, le restaurant des vedettes. Même si aucune n'est présente vous êtes assuré-es d'y faire un repas dont vous ne pouvez que vous souvenir. Comme j'ai dis à la dame danseuse: ici on est bien, on sert bien, on s'en souvient, on y revient. C'est une vieille réclame des années soixante, que bien sûr elle ne connaissait pas, je lui ai donné dans les 40-45 ans. Elle a trouvé mon slogan très bien et très exact. Mais, je ne lui ai pas dit qu'il n'était nullement de mon invention.
Petit bémol quand même concernant La Régalade, il y a un défaut grave et qui m'assassine: Norbert n'est pas toulousain! Pas du tout, mais pas du tout. Il est..... vosgien. Et Martine est... normande!
Mais, finalement, cela prouve l'intelligence de Norbert et tout le soin mis à sa cuisine: il cuisine un cassoulet parce qu'il est à Toulouse. Bon d'accord... mais il ne peut pas faire autrement, sa religion lui interdit de faire mal, alors, il fait le meilleur cassoulet de Toulouse.
Foi de toulousaine, "reine" (pas la volonté de ses amis) du cassoulet dans sa cuisine
