Les personnes handicapées titulaires d'une carte de stationnement pourront, dès ce mardi, bénéficier d'une gratuité pour se garer sur l'espace public. « Une avancée » à nuancer pour certains.
À partir de ce mardi 19 mai, les personnes handicapées titulaires d'une carte de stationnement pourront se garer gratuitement sur les places de stationnement ouvertes au public. Et ce pour une durée minimum de 12 heures. «Une avancée», estime Arnaud de Broca, secrétaire général de la FNATH, association des accidentés de la vie. La loi, votée le 18 mars dernier, «harmonise la situation des personnes handicapées», explique-t-il au Figaro.
Jusqu'à présent, chaque commune pouvait décider de l'octroi ou non de la gratuité aux personnes handicapées. «L'inconvénient, explique le secrétaire général de l'association, c'est qu'il n'était pas facile de savoir si les personnes handicapées devaient payer ou pas dans une commune.» En janvier 2015, l'Association de paralysés de France (APF) recensait ainsi 251 villes dont les places handicapées étaient accessible gratuitement.
Désormais la loi est limpide… mais limitée. En effet, «les parcs de stationnement disposant de bornes d'entrées et de sorties», soit les parkings privés, ne sont pas concernés par la mesure. «Un point négatif, qui réduit la portée de cette loi», regrette Arnaud de Broca. «Car aujourd'hui, les parkings privés représentent une grande partie des places de stationnement en ville».
Bâtiments inaccessibles
Le responsable soulève toutefois un autre problème: «la gratuité des places de stationnement pourrait entraîner une hausse des fraudes aux cartes de stationnement.» Des fraudes déjà nombreuses, car selon l'association des paralysés de France, une carte sur trois serait ainsi fausse ou utilisée de manière frauduleuse, et ce malgré une lourde amende de 1500 euros en cas de fraude. Pour Bernard Jomier, adjoint à la Mairie de Paris chargé du handicap, «il faut une carte sécurisée, émise par l'Imprimerie nationale, et qui permettrait de lutter sévèrement contre une fraude par ailleurs choquante».
Arnaud de Broca insiste, lui, sur les difficultés quotidiennes liées à l'accessibilité des personnes handicapées: «il ne faut pas que cette loi cache la situation des personnes handicapées au quotidien». «Rien ne sert de se garer devant des bâtiments inaccessibles!». Car le délai de dix ans, prévu par le loi du 11 février 2005, pour rendre la plupart des lieux publics accessibles aux personnes en situation de handicap, a été repoussé par une ordonnance datée de décembre 2013. Les 9,6 millions de Français handicapés recensés par l'Insee pourront donc attendre dans leur voiture, à défaut de pouvoir entrer.